Come Back [ Jason ]

Qui aurait cru ?

TOC TOC TOC.

« Hmmm » Gromela Jason qui était affalé sur son canapé, une bouteille de scotch à demi pleine à la main. Ne pas aller voir. Trop fatigant. Trop loin. Rester là. Tranquille. Canapé.

C'était un de ces soirs où Jason Lewis était tout seul. Un de ces soirs où il restait là à cogiter, tout seul. Toujours tout seul. Cette maison autrefois pleine de vie et habitée par deux jeunes frères jumeaux était désormais le lieu de résidence d'un pauvre mec tout seul.
Ca faisait peut-être des mois qu'il habitait tout seul et rassurez vous il ne passait pas toutes ses soirées à boire. Non, mais ce soir là, vraiment, c'était pas du tout son jour. Premièrement il n'était même pas de garde. Et quand il était de garde, il ne buvait pas et passait sa soirée avec son bipper, près à partir éteindre des feux. Deuxièmement, il n'avait appelé personne. Parce que quand il sentait qu'il allait passer une mauvaise soirée, en général, Jason s'arrangeait toujours pour ne pas la passer seul. Alors il appelait quelques uns de ses amis. Innocence en priorité, et sinon quelques copains. Mais ce soir, Jason n'avait appelé personne. Troisièmement, il avait vraiment passé un journée nulle. Il c'était levé du mauvais pied et la malchance l'avait poursuivit partout. Dans son boulot de vendeur dans une grande surface qu'il détestait, dans tous ses faits et gestes. Et une fois sa journée terminé, il s'était callé devant la télé et était tombé sur un film débile qui racontait l'histoire d'un mec et d'une nana qui ne pouvaient pas être ensemble et.. devinez la suite.. Ooh le meilleur potes du type meurt dans un accident de voiture. La vie est vraiment, mais alors vraiment nulle parfois.
Après voir jeté avec nonchalance la télécommande et avoir éteint cette télé maudite, Jason c'était levé et avait sortit une vieille bouteille de scotch du fond de son placard. Et voila comment on se retrouve, à neuf heure et demi, au fond de son canapé.

TOC TOC TOC.
Une fois encore, Jason poussa un grognement fatigué. Il n'avait envie que d'une chose : dormir. Son visage le prouvait bien. Il avait de petits yeux rouges qui peinaient à rester ouvert, son teint était pâlot et de plus, il sentait l'alcool à plein nez. Non franchement, c'était pas du tout le moment pour une visite.
Mais la curiosité l'emporta sur la paresse. Qui c'était ? Qui pouvait bien venir le voir à cette heure là ? D'un geste lent, il posa la bouteille sur la table basse qui était en face du canapé et se leva avec difficulté. Waa, ça tournait un peu. Jason mit sa main sur son crâne. Et d'un pas lourd et las, il se dirigea vers la porte, fit tomber sa main sur la poignée.

Jason resta un instant planté là, devant cette personne. C'était pas vrai. Non vraiment pas possible. Qui aurait cru ? Qui aurait cru qu'elle oserait se pointé ici ? En tout cas pas Jason Lewis. Kadence Littleton. Se fut plus fort que lui, il commença à rire. Pas ce rire clair dans le genre "Nooon ! Trop biien ! Tu deviens quoi poupée ?" non, pas du tout, ce rire froid, sarcastique. Un rire jaune tonitruant. Cet hilarité dura quelques longues secondes, avant que Jason n'observe, d'un regard plein de haine celle qui se tenait devant lui.

Un an qu'il l'attendait. Un an qu'elle était partie. Et elle revenait, MAINTENANT ? Comme quoi parfois les mauvaises personnes arrivent au mauvais moment. Voila, la journée de Jason était officiellement nulle et pourrie. Comment elle osait ? Sérieusement comment ? Dans l'immédiat, Jason n'avait qu'une envie : lui foutre son poing dans son joli petit minois.
Il y a désormais huit mois, il l'avait appelé. Il avait supplié au téléphone qu'elle revienne, qu'elle le rappelle. Il avait chialé comme un goss en la priant de revenir car il avait besoin d'elle. Et elle, même pas un coup de fil, rien. Nada. Elle l'avait lachement laissé, et elle revenait. Non, non c'était un cauchemard. Jason s'était endormie sur sa bouteille de scotch et tout ceci n'était qu'une macabre illusion.

« T'as du culot toi.. »

Finit par dire Jason de sa voix enrouée, embrumée par l'alcool. Il allait refermer la porte. La lui claquer sur son joli petit nez. Aucune explication. Non il ne voulait pas en entendre une. Dans le genre "Désolé mais mon portable était cassé j'ai du en racheter un" vous savez ce genre de truc débile qu'on sort. Ou bien "Ouais j'ai oublié de te prévenir, mais tu m'as trop manqué bébé". Rien qu'à cette pensée, Jason avait la nausée. Il ne voulait plus rien d'elle, il n'espérait même pas une explication plausible. Qu'elle parte. Ouais qu'elle se tire vite fait avant qu'il s'énerve.

- Tu … Tu m'en veux ?

Sur une échelle de 1 à 10 quelle note donneriez vous à votre colère ? - 10 !

Pourquoi était-elle revenue ? Croyait-elle réellement que tout allait être comme si elle n'était jamais partie ? Elle croyait qu'en ouvrant la porte Jason lui tomberait dans les bras et qu'ils reprendraient là où ils avaient arrêté ? Elle croyait que cette année allait vite être oubliée ? Manque de chance poupée, cette année c'était vraiment l'année que Jason n'oublierait jamais de toute sa vie. C'était la PIRE année qu'il n'avait jamais vécu. La pire à tout point de vue. Et encore, le départ de ce qu'il pensait être l'amour de sa vie, c'était presque rien. La mort. Sa mort. La mort d'une part entière de lui même. Son double, celui qu'il aimait le plus au monde. Depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Celui qui avait toujours veillé sur Jason, celui pour qui il aurait tout fait. Et quand cet être que Jason avait aimé plus que tout était partit, s'était éteint.. Elle n'avait pas été là. C'était surtout CA que Jason retiendrait. C'était CA dont il se souviendrait toute sa vie. De ce coup de fil qui était resté sans réponse. Elle l'avait pitoyablement laissé dans son désespoir, se fichant éperduement de lui, de ce qu'il était devenu, de ce qu'il éprouvait. Et maintenant, comme si il n'avait pas assez souffert, elle revenait. La revoir ne faisait que raviver d'anciennes plaies. La peine qu'il avait ressentit quand il s'était aperçu qu'elle était partit, la peine qu'il avait ressentit quand il avait vu qu'elle ne lui donnait plus de nouvelle, la peine qu'il avait ressentit quand il avait prit conscience qu'elle n'allait pas revenir, la peine qu'il avait ressentit quand il avait su qu'elle se fichait désormais de lui... Toute cette peine qui avait trouvé pour seul remède la colère, la haine.

- Tu … Tu m'en veux ?

Jason regarda profondément Kadence. Elle blaguait là ? C'était quoi ce scénar' pourri ? Comment osait-elle lui poser la question. Ah bon il lui en voulait ? Et à ton avis ma jolie, pourquoi ? Si Jason avait eu des fusils à la place des yeux, Kadence serait morte. En tout cas, depuis un an, non plus précisément depuis huit mois, Jason s'appliquait à faire comme si elle l'était.
Jason restait devant la porte, de toute manière il ne comptait pas l'inviter à entrer. Il voulait qu'elle déguerpisse et vite fait. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Plus rien. Rien. Jason Lewis était mort. Mort en même temps que son frère jumeau. Et le nouveau Jason qui se tenait là devant Kadence, c'était pas celui qu'elle avait connu. L'autre aurait pardonné le départ précipité, le nouveau Jason, non. Il ne pardonnerait pas. Il n'avait pas envie de pardonner. Il voulait l'oublier. Une fois pour toute qu'elle disparaisse. De son péron. De sa ville. De sa tête. Qu'elle s'en aille. A jamais cette fois. Et même pas besoin de donner une raison cette fois. Jason n'en avait rien à foutre.

« Si je t'en veux ? Tu te fous de moi ? »

Sa voix avait toujours se timbre enrouée par l'alcool et la fatigue. Les yeux de Jason étaient soulignés de cernes. Il portait un jean et une chemise ouverte par dessous laquelle il avait un T-shirt. C'était toujours comme ça que Jason s'habillait. Au moins un point qui n'avait pas changé.
Même si il s'était juré de ne pas s'intéressé à elle, Jason ne pu s'empêcher de la détailler de ses yeux rougis par l'alcool et le sommeil. Elle n'avait pas beaucoup changé. A part la coupe de cheveux on va dire. Elle avait l'air déconfite, complètement sous le choc. Quoi ? Parce qu'elle s'imaginait vraiment de belles retrouvailles romantiques et hop dans deux mois c'est les noces ? Jason afficha une expression dégoutée, de pitié profonde. Ne ressentait-elle vraiment aucune culpabilité par rapport à se qu'elle lui avait fait ? Mais quelle genre de femme était-elle ? Jason croyait la connaitre, vraiment. Au final, il n'y avait peut-être pas que sa coupe de cheveux qui avait changé...

« Qu'est ce que tu fiches ici Kadence ? »

Prononcé son prénom était douloureux. Pendant un an il s'était appliqué à ne pas le faire. Car ça faisait trop mal. D'ailleurs, dire son prénom, ça faisait bizarre. Dans la bouche, à prononcé ça n'allait pas. C'est sans doute parce que ça faisait trop longtemps qu'il ne l'avait pas dit. Jason essaya par tout les moyens de rester sans expression, mais c'était dur. Il avait envie de piquer une crise, de casser quelque chose tout en fondant en larmes.. Mais non, il n'allait pas le faire. Il n'allait pas montrer ses sentiments...

- J'étais juste .. De passage .

Nos petites joies dureront-elles ? Ou bien porterons-nous toujours nos grands chagrins ?

Il y avait eu, dans la vie de Jason Kyle Lewis, une période de bonheur. Pas cette sensation de bien être banale et répendue, non un bonheur profond, apaisant, et qui vous suit chaque jour. Ce bonheur qui vous souffle à l'oreille le matin que ce n'est pas grave si il pleut, que ce n'est pas un drame si vous n'avez pas le boulot dont vous rêviez. Une très bonne raison de se lever le matin, une très bonne raison de sourire, une très bonne raison de vivre et d'être hermétique à diverses malchances qui vous guètent. Ce bonheur là, cette sensation-là, Jason avait vécut avec. Mais le problème avec ce bonheur là, c'est que le jour où il s'en va, le jour où il prend le large sans prévenir, qui plit bagage pour disons.. la Californie ? Et bien ce jour là, vous tombez de haut. Le jour où son bonheur s'était en allé, le jour où chaque matin plus personne n'était là pour lui dire que ce n'était pas grave si il pleuvait ou si il n'avait le boulot dont il rêvait, et bien Jason n'était pas assez blindé pour se le dire lui même, pour se lever tout seul ou pour garder un sourire aux lèvres. Au début on à mal, et on veut revoir notre bonheur. Au début on fait tout pour le ramener vers nous, on l'implore. Et au fil du temps, on ne veut plus de ce bonheur. On ne veut plus être dépendant à lui, alors on le hait, pour ne plus l'aimer.

- J'étais juste .. De passage .

De passage. Comme le vent. Un vulgaire courant d'air qui vous refroidit tout entier. Invisible. Muet. Mais glacial. Elle passait, le temps de foutre en l'air la chaleur instable que Jason avait réussit à obtenir. Elle était de passage. Jason s'insultait intérieurement d'avoir pu penser, rien qu'un instant, qu'elle était revenue pour de bon. Il le savait, il ré-entendait les accents semblables aux siens, ceux de Justin : « Jason, il faut que tu acceptes qu'elle soit partie... Et qu'elle ne reviendra pas. Maintenant tu vas te bouger de ce canapé tu vas te prendre une douche et tu vas prendre l'air. Fiches pas tout en l'air pour une fille qui ne te mérite même pas. » C'était de toute façon le genre de discours que Jason avait entendu tous les jours à partir du départ de Kadence. Tous les jours ! Jason avait bousillé ses derniers mois avec son frère pour parler de cette fille là ! Quand il y repensait, ça lui donnait presque la nausée. Il aurait du profité de la vie, de ces derniers instants avec son jumeau. Au lieu de déprimé tout seul pour cette fugueuse. Les noirs souvenirs remontaient tous en même temps dans la gorge de Jason, et il du se concentrer d'avantage pour ne pas faire apparaitre sa gorge nouée et cette rage. Les yeux lui piquaient de plus en plus, les vapeurs d'alcool qui l'entouraient se répendaient, lui montaient à la tête. Il avait envie de s'asseoir.

« C'est ça, casses toi ! Comme la dernière fois. Rappelle moi de ne pas attendre à se que tu me rappelles le jour où j'en ai besoin surtout. T'inquiètes, je vais plus te faire chier avec mes vieux messages, j'aurais trop peur d'inonder ta messagerie ! »

Ca avait été plus fort que Jason, il avait du en reparlé. Peut-être attendait-il une réaction. Peut-être qu'au fond de lui il aimerait comprendre. Pourquoi la femme qui avait le plus compté dans sa vie, celle qu'il prenait pour son âme-soeur, pour sa promise, sa future, pourquoi ELLE l'avait laissé tombé ? Elle connaissait Justin, elle était amie avec lui. Elle disait qu'elle aimait Jason.. Alors pourquoi, pourquoi quand Justin est mort, elle n'avait rien fait ? Jason ne comprenait pas du tout comment elle avait pu ne pas avoir de réaction. Comment elle avait fait pour ne pas le rappeler. Juste un coup de fil, un seul et ça aurait prouvé qu'elle ne se fichait pas de lui, ni de Justin. Mais non, elle n'avait même pas trouvé le temps pour lui dire qu'elle était désolée et qu'elle pensait à lui. Même pas... Alors peut-être que Jason attendait des explications, même si il disait qu'il n'en voulait pas. Au fond de lui il aurait aimé qu'on lui prouve qu'il n'avait pas eu faux sur toute la ligne avec Kadence. Qu'on lui prouve qu'elle n'était pas cette abominable hypocrite qu'il avait commencé à croire qu'elle était. Mais Jason, d'un autre côté, semblait tellement campé sur ses positions, le mépris l'habitait depuis tellement de temps, pourait-il croire aux excuses de Kadence ? Pourait-il lui faire confiance au point de pardonner tous ce temps d'absence ? De toute manière, elle n'était que de passage...

- Très bien . Je peux partir maintenant, prendre un avion ou autre chose . Mais seulement si tu me dis que tu ne veux vraiment plus de moi . Dans ce cas là, je te laisserais tranquille . Et je ne reviendrai pas . Si c'est vraiment ce que tu veux ..

Certains croient que tenir bon rend fort ; mais, parfois, c'est lâcher prise qui importe.

Jason fronça les sourcils lorsque Kadence se remit à parler. Il fixait sa bouche, peut-être pour comprendre un peu mieux se qu'elle disait. Il est vrai qu'il commençait à ne plus vraiment écouter tous ce qui se disait, il commençait à vouloir dormir, à être fatigué. Il comprit en gros se que disait Kadence, et encore, il aurait préféré ne rien comprendre, feindre de tomber à la renverse et qu'elle le laisse tranquille. Pourquoi est-ce qu'elle lui balançait tout ça ? Alors elle avait fait quatre heures et dix-sept minutes d'avion (oui parce que Jason s'était un jour renseigné pour savoir en combien de temps il pourrait la rejoindre) rien que pour aller le voir et lui demander si il voulait qu'elle reparte ? Elle était... idiote ou quoi ? Tout ça pour ça ? Elle frappait chez lui en soirée, sans prévenir, rien que pour lui dire qu'elle était de passage et qu'elle pouvait repartir si Jason lui disait qu'il ne voulait plus d'elle ? Son histoire ne tenait pas debout.
Jason quitta de ses yeux rougit par l'alcool et la fatigue la bouche de Kadence pour fixer les grands yeux noisettes qu'il avait déjà mille fois regardé. Ses yeux, ses grands yeux noisettes. Jason les aimait tellement. Tout, tout en elle. Il aimait tout. Mis à part le fait qu'elle l'avait abandonné. Et désormais, ce serait toujours comme ça, il y aurait toujours le souvenir de cet abandon. Alors qu'elle parte ! De toute manière il ne lui faisait plus confiance. Elle disait qu'elle restait si il voulait encore d'elle ? Qui prouvait à Jason qu'elle repartirait pas pour sa petite gloire un de ces quatre matins ? Rien, rien du tout. Plus jamais il ne la regarderait comme avant. Non, non il ne voulait plus d'elle. Il n'avait plus qu'à lui dire. Il n'avait plus qu'à lui balancer ces six mots à la figure et elle disparaitrait, une fois encore. Et tant mieux. Il n'avait plus qu'à le dire...
Mais il restait silencieux. Il la regardait toujours intensément, il la regardait toujours avec haine, avec rage. Ce feu de colère que rien ne semblait pouvoir éteindre. Jason ne se rendait même pas compte de comment il la regardait. C'était plus fort que lui. Lorsqu'il repensait à ce qu'elle avait enduré en son absence. Elle lui avait fait tellement de mal... Pas un seul instant Jason ne pouvait imaginer qu'elle avait souffert aussi. Pour lui, elle était partie de son plein gré, elle s'était tout de suite remise de la séparation et elle revenait ici pour une raison inconnue, prouver que Jason n'avait pas pu se remettre de son départ, c'est ça ?

« Tu te crois irremplaçable c'est ça ? Tu crois que je suis pas capable de vivre sans toi ? »

Là, il tournait autour du pot. Six mots, six petits mots et elle partait. Pour toujours. Il ne la reverrait jamais. Il s'en fichait. Il DEVAIT s'en foutre d'elle ! Six mots. Rien que six tout petits mots.
Evidement, quand on voyait Jason, comme ça, l'haleine sentant l'alcool avec sa chemise débraillé, son teint pâle et ses yeux rouges et cernés on avait du mal à croire qu'il s'était bien remit et qu'il était parfaitement capable de vivre sans elle. Mais s'était possible, ça avait été long et difficile mais il s'était remit. Enfin, plus ou moins. Il ne pensait plus l'aimer. Il avait tourné la page, connu d'autres femmes.. Bien sûr, rien qu'il n'arrivait à la cheville de Kadence, mais désormais ce n'était plus de l'amour, mais de la colère. S'il n'allait pas bien désormais, c'était à cause de la mort de son frère, de laquelle il ne se remettrait sûrement jamais là par contre. C'était parce que celle qu'il avait cru être la femme de sa vie n'en avait rien eu à faire... Mais là, je me répète.

« Je sais même pas comment tu oses te repointer ici après un an sans nouvelle, même pas un seul coup de fil, une lettre ou un seul truc dans ce genre là. Tu n'en as rien eu à faire de la mort de.. Non tu sais quoi j'ai même pas envie d'en parler ! »

Si il en parlait, elle trouverait une excuse. Jason n'avait plus envie de se faire avoir, il n'avait plus envie de souffrir à cause d'elle, qu'elle le roule encore avec des beaux discours et des petits regards tristes. C'était terminé le temps où il aurait donné n'importe quoi pour qu'elle revienne, maintenant elle n'avait plus qu'à partir. Jason ne savait pas pourquoi elle était revenue, mais si s'était pour lui (encore faudrait-il qu'elle soit revenue pour lui se qui lui semblait inconcevable étant donné qu'elle avait très bien vécu sans lui une année) alors elle était revenue pour rien. Six mots et il en serait débarassé !
Jason déglutit. Il se mordilla l'intérieur des joues. Il cligna plusieurs fois des yeux. La prise de conscience. La réaction. Elle était là. Kadence était devant lui. Combien de fois il avait imaginé cette scène là ? Combien de fois il avait courut ouvrir la porte en espérant que se serait elle ? Mais pourquoi revenait-elle après tout ce temps ? Pourquoi pas avant ? Pourquoi elle avait tant attendu ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Encore une fois, Jason avala sa salive. Fallait pas craquer maintenant.

« Tu veux que je te dise que je ne veux plus de toi ? Tu me demandes ça Kadence ? Tu as fais une croix sur moi depuis longtemps, pourquoi j'en aurais pas fais une sur toi ? Heein Kadence ? Pourquoi je t'aimerais encore ? »

Jason n'avait pas pu répondre directement à la question, pas maintenant, pas tout de suite. Il ne savait pas vraiment se qu'elle était entrain de faire. Il aurait du refermer la porte dès le début. Maintenant il se retrouvait à faire durer cette conversation. Conversation qui lui faisait mal. Qui remuait le couteau dans la plaie. Il aurait vraiment dû se tenir à se qu'il avait eu envie de faire dès le départ : lui refermer la porte au nez. Faute de l'avoir virré, maintenant il se surprenait à la retenir. Oui, oui. Vraiment. Bah qu'est ce qu'il était entrain de faire là ? Pourquoi il n'avait tout simplement pas dis : "Je ne veux plus de toi." Ces six mots qui allait la faire partir..

- Non, vraiment pas .

- Je suis désolée .

- Si j'aurai vraiment tirer une croix sur nous deux, pourquoi serai-je revenue ?

- Tu m'aurais sans doute éjectée dehors , si je ne comptais plus pour toi .

Ca devenait dure. Ca devenait trop dur de rester face à elle. La regarder lui était impossible. Lui parler également. Il fallait qu'elle parte maintenant, et tout de suite. Sinon, Jason ne tiendrait pas. Il ne pouvait plus tenir face à elle. Pourquoi revenait-elle bon dieu ?

Elle avait l'air troublée elle aussi, peut-être triste. Elle le fixait, elle n'arrêtait pas de le fixer, de son regard noisette. Elle ne regardait. Elle le hantait. Depuis tellement de temps elle le hantait. Jason avait voulu se convaincre que ce n'était qu'une fille parmis tant d'autres. Il avait voulu sortir avec d'autre fille. Mais non. C'était pas possible. Comment pourrait-il vivre quelque chose avec une autre qu'elle ? Pendant tous ce temps il avait fait semblant. Semblant de vivre sans elle. De s'en sortir sans elle. Il jouait tellement bien la comédie qu'il avait finit par se convaincre lui même que c'était vrai. Sauf qu'elle était revenue. Elle était là et maintenant Jason ne savait pas du tout quoi penser. Les pensées s'entre choquaient dans sa tête. L'envie de la foutre dehors violemment et celle de l'attirer contre lui se confrontaient. Jason restait là, devant, le coeur battant, sa tête qui allait exploser... Elle disant qu'elle ne pensait pas être indispensable. Mais il fallait voir la réalité en face. Elle l'était. Pour Jason elle était indispensable. Depuis ce dix neuf juillet au café elle était devenue indispensable. Indispensable et toujours présente. Elle avait élu domicile dans l'esprit de Jason et malgré tout ses efforts pour la faire s'enfuir, comme elle l'avait fait dans la vraie vie, la Kadence qui habitait la tête de Jason, elle, ne voulait pas partir.
Jason regardait ailleurs. Il avait détourné son regard trouble pour le poser sur un point invisible. Il regardait dans le vide en fait. Ses yeux lui piquaient affreusement, ils étaient rouges et brillants. Des larmes menaçaient vraiment de couler. Mais Jason ne voulait pas pleurer, pas devant elle, pas POUR elle. Il serrait les dents, concentrait son énergie pour ravaler ses larmes qui n'avaient pas de raison d'être. Il ne pleurerait plus pour elle, il fallait qu'elle sorte de sa vie, de sa tête. Qu'elle disparaisse pour de bon. Bien sûr qu'elle habitait encore sa tête, sauf qu'il ne l'aimait plus. Il la détestait.

- Je suis désolée .

Ces mots attirèrent tout de suite le regard de Jason. Il reposa ses yeux verts dans ceux chocolat de Kadence. Qu'avait-elle dit ? De quoi parlait-elle ? De Justin. Elle était entrain de parler de Justin là ? Jason la regardait fixement. Il se demandait si il saisissait bien le sens. Etait-elle désolée pour la mort de Justin ou bien tout simplement d'oser repointer le bout de son nez ? Pour les deux peut-être.. Si vous saviez combien de fois Jason avait prié pour que Kadence lui dise cela ! Et maintenant qu'elle lui disait... Jason attendait à ressentir quelque chose. Un soulagement ? Elle ne se fichait pas de son frère.. Mais en réalité, la colère mointait. Il ne voulait pas qu'elle soit désolée. Il ne voulait plus rien.. C'était trop tard pour l'être. C'est d'une voix qui tremblait quelque peu que Jason déclara, toujours en fixant son interlocutrice, les yeux brillants :

« Ça, j'aurais aimé l'entendre il y a huit mois. Quand je t'ai appelé pour te dire que mon frère était... mort. »

Jason avait finit sa phrase dans un souffle. Le dire, c'était encore dur. Frère. Jason pensait sans arrêt à Justin. Son jumeau. Son double. Lui. Parfois, Jason avait l'impression que son frère et lui ne formaient qu'une seule et même personne. C'était dur à décrire, la relation entre jumeaux. Jason avait toujours eu le sentiment qu'ils ne formaient qu'un, sans savoir où finissait Justin et où commençait Jason. Et il y a huit mois, Jason avait compris avant même que le médecin vienne lui dire que son frère était mort. Jason était tombé à terre, une main sur sa poitrine. Il l'avait sentit comme si il était entrain de mourir lui aussi. Comment vous voulez vous en remettre après ça ? En parler, et surtout en parler à Kadence. C'était vraiment dur. Les larmes affluaient aux yeux de Jason. Et rapidement après avoir prononcé le mot "mort" quelques unes coulèrent sur les joues de Jason. Il avala sa salive, les essuya rapidement d'un revers de main et détourna les yeux pour ne pas croiser le regard de Kadence. Il n'avait pas du tout envie de voir ce petit regard de pitié que tout le monde lui lançait quand on parlait de Justin. Toujours en regardant dans le vide, Jason continua, d'une voix qu'il essayait de rendre normale, malgré qu'on entendait très bien les sanglots de celle-ci.

« Pourquoi tu m'as pas rappelé Kadence ? Juste un coup de fil.. Comment t'as pu.. Je voulais vraiment m'en foutre. J'avais décidé de m'en foutre. Mais j'y arrive pas. »

Il ne savait pas vraiment si il voulait entendre une excuse minable. Mais se dire que c'était tout simplement parce qu'elle se fichait d'elle, c'était dur. Sauf que c'était la seule explication. Et même une excuse du genre "On a eu un planning de fou ce jour là" ou encore "J'ai perdu mon portable et changé de numéro.. j'ai pas reçu ton message" Sauf qu'elle avait compris, elle avait saisit de qui Jason parlait. Donc elle avait forcément eu son message non ?
Elle disait qu'elle n'avait pas tirer une croix sur eux. Sinon pourquoi serait-elle là ? Jason restait silencieux, il avait besoin de quelque secondes, de quelques minutes pour retrouver une voix normale déjà. Pour ne plus qu'elle tremble. Pour ne pas se remettre à pleurer quand il ouvrirait la bouche. Pour essayer de reprendre ses esprits. Pourquoi elle était là ? Jason ne savait pas. Il se posait la question. En plus, elle était censée être de PASSAGE non ? Peut-être avait-elle des amies à voir et elle s'était dit "tiens je vais voir comment va mon ex copain que j'ai laissé choir !" Pourquoi pas ? Mais Jason refusait de se dire qu'elle était revenue pour lui. Ca n'avait pas de sens. Vraiment aucun.

« Aucune idée. Peut-être parce que t'es la reine des garces et t'as voulu me torturer un peu plus. Peut-être que tu t'es dis que j'avais pas assez souffert alors pourquoi pas aller voir ce bon vieux Jason ? Histoire de lui rappeler à quel point je lui manque. »

Lentement, Jason avait posé son regard sur Kadence. La colère était la seule défense qu'il avait. Lui parler sur ce ton était la seule chose qu'il pouvait faire. Il ne savait pas quoi faire d'autre. Il était vraiment en colère contre elle. Il ressentait tout le mépris du monde pour elle. Mais il ne pensait pas que c'était une garce. Il ne pensait pas vraiment qu'elle était sadique. Mais c'était tellement plus simple de faire comme si il le pensait. C'était plus simple de la détester. Pardonner était trop dur. Faire comme si il ne s'était rien passé aussi. La détester. Et qu'elle le déteste aussi. Comme ça, elle repartirait et il resterait seul, et il l'oublierait. Un jour.

- Tu m'aurais sans doute éjectée dehors , si je ne comptais plus pour toi .

Elle n'avait pas tord. D'un côté. Elle avait même raison. Jason se trouvait dans l'incapacité de la faire partir. C'était dur de la regarder partir. Il avait déjà vécu ça et peut-être qu'au fond de lui, Jason ne pouvait ni ne voulait repasser par là. La retrouver et la quitter à nouveau. Il aurait pu lui dire qu'elle avait raison et qu'elle comptait. Qu'il ne parvenait pas à la faire sortir de sa tête. Qu'elle n'aurait pas du revenir car c'était trop dur maintenant. Qu'il lui en voulait mais qu'au fond, elle resterait toujours là, dans sa tête. Sauf que non. Au lieu de ça il la regarda droit dans les yeux. Et de la voix le plus impénétrable possible il dit :

« Bien sûr que je ressens toujours quelque chose pour toi Kadence. Sauf que c'est pas de l'amour. C'est plus de l'amour.... C'est de la haine. »

- Je ne t'es pas rappelé parce que je n'en savait rien . Je n'ai jamais reçu ton appel .

- Parce que tu crois vraiment que c'est pour ça que je suis revenu ? Pour te faire souffrir ? Parce que ce n'est vraiment pas ça . Je t'aime, et c'est pour toi que je suis revenue .

C'était facile de dire ça. Facile de se défendre comme quoi elle n'en savait rien. Elle l'avait reçut son appel. C'était évident. Elle ne quittait pratiquement jamais son téléphone portable, c'était comme si il était greffé à son oreille. Elle l'avait obligatoirement eu. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne l'ai pas eu. Aucune. Jason leva les yeux au ciel. Signifiant clairement qu'il ne croyait pas un mot à cette excuse bidon. En fin de compte, peut-être aurait-il mieux valu qu'il ne demande pas d'explication. Qu'est ce que cela avait changé ? Jason se serait attendu à quelque chose de mieux. Peut-être avait-il espéré quelque chose comme "Je sais Jason, je ne t'ai pas rappelé, je ne vois pas pourquoi je l'aurais fais, je ne t'aurais pas aidé." Quelque chose d'honnête, qui tenait la route. Quelque chose de croyable. Même si cela n'aurait suffit en aucun cas à apaiser Jason, eu moins pas complètement, au moins, elle aurait été honnête. Ooh Jason trouvait sûrement une réponse cinglante. Le genre de "C'est clair que tu ne m'as pas aidé". Et la situation ne serait pas plus avancée. En réalité, c'était ça le probleme. Quoi que Kadence fasse, elle serait toujours en tord. Jason ne pouvait même pas envisager d'admettre qu'elle puisse avoir une bonne excuse. Il ne voulait pas penser à ça. La haïr c'était simple. Ca comblait le manque qu'il avait ressentit, ça donnait quelqu'un sur qui déversser toute la colère qu'il contenait. Elle l'avait laissé, il ne cherchait pas plus loin. Il avait BESOIN de la détester. La détester pour ne plus l'aimer.

- ... Je t'aime, et c'est pour toi que je suis revenue .

Jason l'observait toujours, de son regard gris-vert, froid. Il ne pouvait pas dire que ces mots ne lui faisaient rien. Il ne pouvait pas dire qu'il s'en fichait d'entendre qu'elle l'aimait et qu'elle était revenue pour elle. Le coeur de Jason s'accéléra dans sa poitrine. Mais pas d'une façon douce qui vous enveloppe tout entier. Il s'accélérait trop rapidement, cognait contre ses cotes. C'était presque douloureux. Douloureux d'avoir le coeur qui bat pour elle. Il ne la lachait plus du regard. Qu'est ce qu'il pouvait répondre ? Dire qu'il s'en contre-fichait, que ça n'avait aucune importance pour lui ? Ce qui revenait à mentir ouvertement ! Kadence était là, devant lui, Jason faisait tout se qui était en son pouvoir pour l'énerver, pour qu'elle lui balance qu'elle le détestait aussi. Pourquoi s'obstinait-elle à l'aimer ? Pourquoi est-ce qu'elle ne s'énervait pas ? Pourquoi elle ne lachait pas l'affaire ? C'était fini. Il n'y avait plus rien à espérer pour eux deux. Leur amour était mort. Depuis que Kadence avait choisit de partir sans un mot leur amour avait subit une longue et douloureuse agonie, et il avait succombé. Il était mort. Et Jason détruirait les derniers sentiments qui pouvaient encore subsister. Il était face à elle, muet. Il voulait trouver les mots pour lui faire mal et pour la disuader pour toujours qu'elle pouvait bien repartir. Mais rien ne venait les informations allaient trop vite, ou bien trop lentement dans son cerveau. Des paroles dures bloquaient à sa gorge et refusaient d'être prononcées. Le silence s'installa. Ils ne faisaient que se regarder. Et même si il paraissait la fixer, les yeux de Jason voyaient flou. Il était là sans l'être. Il n'avait même plus conscience d'où il se trouvait. Il était perdu. Quelque part.
Et puis, elle s'avança. Jason secoua discrètement la tête pour se sortir de ses songes et concentra toute son attention sur Kadence Littleton. Qu'est ce qu'elle faisait là ? Il l'observait, inquiet. Son regard était une barrière. Elle ne ferait pas un pas de plus. Sauf qu'elle fit un pas de plus. Et Jason qui était pourtant censé reculer et garder une distance de sécurité ne fit pas un geste. Il restait immobile devant elle. Il ne comprenait même pas se qu'elle avait l'intention de faire. C'était pourtant pas compliqué, et pourtant, quelque chose dans son esprit ne tiltait pas, ou bien refusait de tilter. Au moins, il pourrait toujours se défendre en se disant qu'il ne l'avait pas vu venir. Et pourtant elle mit du temps. Elle resta plantée devant lui quelques secondes, à le regarder. Jason était haletant. La peur. Il avait sans doute peur. Il la regardait toujours avec cette même inquiétude, cet air suspicieux du genre "Qu'est ce que tu veux faire là ?". Elle bravait un interdit, elle franchissait un mur que Jason avait dressé et qui s'écroulait désormais. Et puis, elle fit sauter les barrières.
Ca sembla durer une éternité. Doucement, vraiment lentement elle posa ses lèvres sur celles de Jason. Il se laissa minablement faire. Dans un premier temps il fut immobile, complètement désemparé. Sous le choc. Il ne se rendait pas bien compte de se qui était entrain de se passer. Ses yeux grand ouverts était traversé par l'incompréhension totale. Et puis.. Le contact était si doux. Il le transperçait tout entier. Il avait sans doute oublier comment étaient les baisers de Kadence Littleton. Les lèvres s'étaient posées avec une certaine tristesse sur celle de Jason. Ses lèvres si douces semblaient elles-même savoir que ce geste était voué à l'échec, qu'il ne servait à rien. Que c'était un acte de désespoir dans une situation désespérée. Le dernier baiser d'un condamné. L'adieu et le retour dans un seul et même geste. Kadence semblait avoir comprit. Comprit qu'il ne la pardonnerait pas. Qu'il ne pourrait jamais le faire. Que quoi qu'elle dise il ne voudrait rien entendre. Elle l'embrassait pour remplacer les mots qu'elle savait vains. Jason laissa ses yeux se fermer. Il se laissa emporter. Il savait parfaitement qu'il aurait du la repousser dès le départ. Mais il était tellement faible face à elle. Impuissant. Et de façon soudaine, il mit sa main derrière la nuque de Kadence pour qu'elle reste contre lui. Il ne la chassait pas immédiatement de chez lui... Il la retenait. Il l'embrassa avec hargne, avec colère. Et comme si cela avait été l'interrupteur de sa mémoire dans sa tête défila instantanement des dizaines de souvenirs en même temps. Leur rencontre, leurs fou rire, leurs baisers, leurs nuits ensemble, leur enguelades, leurs réconciliations, leurs sorties. Tous ce qui leur appartenaient à tous les deux. Le coeur de Jason s'affolait à mesure que leur baiser passionné continuait. Il battait bien trop vite, comme si il l'avertissait que ce n'était pas bon pour lui. Qu'il allait craqué si Jason continuait. Mais il n'écoutait pas. Il l'embrassait. Elle avait totalement pris posséssion de lui. Il explorait ses souvenirs. Leurs bons souvenirs. C'était la femme de sa vie.. La femme de sa vie... Et puis, s'imposa dans son esprit l'image de chez elle complètement vide lorsque Jason était allé voir juste après le départ de Kadence. Il ré-entendait ce maudit répondeur qui le narguait comme jamais lui rappelant à chaque fois que c'était la seule façon qu'il avait pour l'entendre. Sa messagerie. Et là, Jason recula tout de suite.

« Attends qu'est ce que tu as cru là ? Non, non, non Kadence. Sors d'ici immédiatement ! »

Jason la regardait, haletant, appeuré, choqué d'avoir laissé faire une telle chose. Ca n'allait pas s'arranger comme ça. Ca n'allait pas s'arranger du tout. Il fallait vraiment qu'il cesse d'être aussi faible. Qu'il se blinde et qu'il ne retombe plus jamais dans ce piège là. Il la haïssait. Il devait la haïr. C'était la seule chose qu'il pouvait y avoir entre eux maintenant. De la haine. De la rancoeur. Rien d'autre n'était possible et envisageable.

Ce baiser avait vraiment perturbé Jason. Pourquoi c'était-il laissé faire ? Alors qu'il s'était promit de ne plus jamais la revoir, de ne plus jamais l'aimer, de ne plus jamais lui parler, de ne jamais oublier se qu'elle lui avait fait, ne j'amais lui pardonner. Et voila, il la voyait une vingtaine de minute et il retombait déjà dans ses bras. C'était pas possible d'être accro comme ça à quelqu'un. Il fallait qu'elle parte. Immédiatement. Il fallait qu'elle retourne à Berkeley. Si elle restait, Jason ne savait vraiment pas comment allait tourner les choses. Il avait beau faire tout son possible pour ne rien ressentir, juste de la haine de la rancoeur, ce baiser était bien la preuve qu'il en était incapable. Et pourtant il s'était promit. Il s'était promit de ne plus jamais lui faire confiance, et de ne plus jamais tomber autant amoureux d'elle, ou d'une fille en général. L'amour ne servait qu'à souffrir. On ne pouvait pas aimer sans souffrance et Jason estimait qu'il avait assez souffert comme ça dans sa vie.
Elle avait ce regard triste. Ces grands yeux chocolat reflétaient tristesse, désespoir... L'aimait-elle vraiment ? Jason n'avait même pas envie d'y réfléchir. Qu'elle l'aime ou non, ça ne changerait rien. Il fallait qu'elle parte. Et tout de suite. Mais elle continuait à le fixer. Comme si elle espérait que cela changerait quoi que se soit. Mais la soirée avait été assez forte en émotion pour l'instant. Jason ne rêvait qu'à une chose : aller se coucher, oublier ce moment et le lendemain, aller travailler comme un idiot dans son supermarché idiot en priant pour ne pas la recroiser. Pour ne plus jamais la recroiser. Jason expira lentement. Il avait tremblant, énervé, triste, secoué, lassé, fatigué, il avait mal à la tête. Il voulait être seul. Pouvait-elle comprendre que MAINTENANT il était tant qu'elle s'en aille ? D'une voix à bout de force Jason dit alors :

« Pars. Kadence pars d'ici. Sors de ma maison, de ma ville et de ma vie. Rend pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà. T'en a assez fait. »

Il fallait qu'il soit clair. Qu'il le pense au fond de lui ou pas, qu'il soit sincère ou pas.. Peu importait. Il voulait l'oublier et ce n'était pas en habitant la même ville qu'il y arriverait, surtout si il était incapable de lui résister dès qu'elle l'embrassait. Elle était revenue pour rien. Il ne voulait plus d'elle. Certainement pas. Il voulait seulement passer à autre chose, faire une croix sur cette année qui avait été la pire de toute son existence. Mais Jason savait que si il attendait encore, elle allait encore trouver quelque chose à redire et cette conversation ne finirait jamais. Alors, sans lui laisser le temps de faire quoi que se soit, Jason ferma doucement la porte de chez lui, une expression désolée au visage. Une fois fait, il s'adossa contre cette porte close, sachant qu'elle était là, juste derrière. Il ferma momentanément les yeux, souffla. Il jeta un regard circulaire à son salon. La seule lumière était celle du feu de la cheminée qui crépitait désespérément léchant les buches de bois qui se faisaient consumer de l'intérieur. La lumière rougeâtre éclairait les dizaines de cadres photos qu'il y avait de dispercé un peu partout sur les meubles. La plupart était de Jason et Justin, toujours souriant. Puis il y avait Jason et des amis, souvent Innocence, sinon Miranda, ou diverses collègues qui tout comme lui détestaient leur travail. Puis des collègues pompier lors de leur soirée entre eux. Et, tout en haut de la bibliothèque une photo qu'on ne pouvait pas voir si on ne savait pas qu'elle était là, Kadence et Jason, du temps où ils formaient un couple heureux. Jason avait beau avoir fait brûler toutes les photos d'elle sous le conseil de son frère il n'avait pu se résoudre à brûler celle ci. Elle restait là.. Alors, Jason se dirigea vers cette bibliothèque, tendit le bras pour attraper le cadre. Il l'observa un instant et alla s'asseoir face à la cheminée.

Tu nois tes chagrins dans l'alcool ? Attention, ils savent nager !

Après le départ de Kadence, ce n'était pas plus calme dans la tête de Jason. Il resta assit au fond de son canapé, la photo du couple entre les mains. Aah ils étaient bien à l'époque. Heureux. Amoureux. Jason aurait tout donné pour que ce moment dure éternellement. Jason ne se souvenait plus de qui avait pris cette photo, mais elle était vraiment belle. On y voyait nos deux protagonistes qui se regardaient amoureusement, se tenant par la taille, souriant. Oui, elle était vraiment belle. Rien qu'en la regardant on pouvait savoir combien ils s'aimaient tous les deux. Rien qu'en observant leur regard, si tendre. Ah, ils avaient été amoureux. Du moins, Jason avait été amoureux. Aujourd'hui, il ne savait pas si Kadence aussi l'avait été. Il pensait sincèrement que oui avant, et maintenant.. Si elle l'aimait, pourquoi l'avait-elle laissé tomber ? Jason avait vraiment crut qu'elle était la femme de sa vie, avant qu'elle ne déserte Wisteria Lane, il pensait déjà à la demander en mariage, et pourtant Jason n'était pas du genre "engagement". Mais voila.. Elle était partie, et plus jamais ils ne pourraient retrouver leur relation d'avant. Et Jason, ce soir, ne savait plus si cela lui faisait de la peine ou pas. Et pourtant, en un an, il avait eu le temps de l'oublier. Il aurait du l'oublier... Si seulement elle n'était pas rentrée, il ne serait pas dans un tel état maintenant ! Jason laissa tomber le cadre par terre, devant la cheminée en soufflant un "Pff" déçut de lui même. Il n'aurait jamais dû l'embrasser, se laisser faire. Puis il se releva, prit la bouteille de scotch et alla la ranger dans le placard. Il avait assez bu pour ce soir. Déjà qu'il n'était pas très bien, il était inutile d'assez de trop boire pour oublier cette soirée, elle resterait de toute manière gravé en lui. Ses idées commençaient tout juste à retrouver de l'ordre dans son esprit, son mal de crâne c'était quelque peu atténué et il était entrain de se faire un café. Vous allez me dire que c'est stupide de se faire un café à cette heure là, autant aller dormir. Sauf qu'en réalité, il n'avait plus du tout envie de dormir. Il était pas mal fatigué mais n'avait pas envie d'aller se coucher. C'est pourquoi il versa le liquide bouillant dans une petite tasse, y ajouta deux sucres et touilla le tout avec une petite cuillière. De plus cela lui ferait du bien. Jason regrettait déjà d'avoir vider la moitié de sa bouteille de scotch. Mais une heure après le départ de Kadence, après deux ou trois cafés, ça allait déjà mieux.
C'est à ce moment là que le portable de Jason sonna. Il observa rapidement l'heure dans l'horloge du salon. Il était dix heures et demi. Qui pouvait bien l'appeler à cette heure là ? Jason observa le numéro de celui qui essayait de le joindre. Certes il n'était pas dans son répertoire -et pour cause, Jasn avait supprimé cette personne de son téléphone- mais de tête il se souvenait très bien de ce numéro, qu'il avait maintes et maintes fois taper. Jason n'avait pas du tout envie de répondre, mais alors vraiment pas. Qu'est ce qu'elle allait lui dire de plus de toute manière ? Une sonnerie. Deux sonneries. Elle avait qu'à parler à son répondeur ! Comme Jason n'était amusé à le faire pendant des mois. Mais je vous l'ai dis, il était faible face à elle. Et il ne pu résister. Il décrocha.

« Quoi encore ? Aboya-t-il dès qu'il eu déccrocher.
- Jason ? Jason Lewis ? Répondit une voix masculine.
- Euh.. oui. Qui est-ce ?
- Je suis barman dans le bar de la cinquième avenue à Baltimore. Votre amie, Kadence Li.. littleton, oui c'est ça, Kadence Littleton est dans un sale état si vous voyez se que je veux dire.
- Ouais et ?
- Vous devriez venir la chercher. Qui sait avec qui elle pourrait repartir sinon... »

Cette dernière phrase fit faire au coeur de Jason un bon. C'est vrai, quand on a trop bu, on est vulnérable. Jason fut muet un instant. Il ne savait vraiment pas quoi répondre. Lui qui venait de se promettre encore une fois de ne plus jamais parler à Kadence P. Littleton... Ce n'était plus ses affaires, qu'elle reparte avec qui voudra non ? Après tout, Kadence ne s'était jamais inquiétée de savoir comment allait Jason toute cette année, elle ne s'était pas inquiétée de savoir avec qui il finissait ses soirées trop arrosées ! Mais la grande différence entre eux deux étaient sans doute là.. Jason était carrément incapable de ne pas s'inquiéter de savoir avec qui et dans qu'elle était elle allait finir sa soirée.

« Ok j'arrive » Déclara finalement Jason, d'une voix impénétrable, mais que l'on devinait soucieuse.

Il attrapa sa veste en cuir et sortit de chez lui. Juste avant de refermer la porte en bois, il lança un petit coup d'oeil au cadre photo qui était toujours par terre, devant la cheminée. Pourquoi faisait-il ça ? Elle ne le méritait vraiment pas ! Mais il le faisait quand même... Jason referma la porte et alla rapidement à sa voiture, sa belle Chevrolet Impala (=P) qu'il avait depuis qu'il avait son permis de conduire. Il démarra au quart de tour. Bar de la cinquième avenue à Baltimore ? C'était bien ce qu'avait dit le barman non ? Jason fonça. Il ne respectait pas vraiment les limitations de vitesse à vrai dire... Il gara sa voiture devant ce bar là. Il n'avait pas l'air très bien fréquenté en plus. Il sortit de sa voiture et referma la portière qui claqua dans un crissement sonore. Prudemment, Jason pénétra dans le bar. La musique était à vous casser les oreilles, une forte odeur d'alcool prenait tout de suite la gorge. Jason chercha du regard Kadence, ce qui n'était pas une mission facile au milieu de tous ces gens. Finalement, il finit par la voir, affalée sur le comptoir, plusieurs petits verres pour alcool fort vide à côté d'elle. C'est vrai qu'elle était dans un sale état. Jason se faufila entre tout le monde, demandant pardon et qu'on le laisse passer. Il arriva enfin jusqu'à elle. Il jeta un coup d'oeil au barman en lui disant qu'il était Jason Lewis. Le barman sembla rassuré. Jason le gratiffia d'un petit regard de remerciement pour l'avoir prévenue. Bien qu'il aurait préféré qu'il appelle quelqu'un d'autre, au moins il n'avait pas laissé Kadence faire n'importe quoi.
Doucement, Jason mit le bras de Kadence autour de son cou pour qu'elle s'appuie contre lui et qu'ils puissent rejoindre la voiture. Il la tenait fermement par la taille. Elle avait du mal à marcher et empestait l'alcool. Mais qu'est ce qui lui avait prit. Jason gardait un air sérieux, les sourcils froncés, comme si il était inquiet. Il hésita à la ramener chez elle, sauf qu'il ne savait pas du tout où elle habitait maintenant. A l'hotel ? Dans le doute, Jason décida qu'il allait l'amener chez lui. Même si ça lui coutait et que ça allait contre toutes les bonnes résolutions qu'il avait pris.

« Allez Kadence on est bientôt à la voiture » Murmura-t-il alors qu'elle peinait toujours à marcher.

- Lâche moi .

Kadence ne semblait pas heureuse de le voir. Au contraire. Après tout, Jason s'en fichait. Tout se qui l'intéressait c'était qu'elle ne passe pas la nuit dans ce bar de mauvaise augure ni dans les bras d'un parfait inconnu. Même si Jason n'était pas le mieux placé pour faire des leçons de moral à ce sujet, il était hors de question qu'il passe la nuit à s'imaginer ce qui était arrivé à Kadence cette nuit. Et si il lui arrivait quelque chose de grave, Jason ne pourrait même plus se regarder en face. Donc, qu'elle soit heureuse ou pas, il s'en fichait, tant qu'elle passait une nuit tranquille dans la maison de ce cher Jason Lewis. Aah, il ne se serait pas imaginé qu'il le ferait. Encore là, en ce moment, alors qu'il était entrain de la soutenir tant bien que mal, il se demandait encore si c'était le bon choix qu'il avait fait en acceptant de venir la chercher. mais pas le temps de regretter. Pourtant, d'une voix pateuse, Kadence Littleton était entrain de lui dire de la lacher. Jason la regarda un moment. Si elle insistait comme ça, Jason allait finir par le faire. Déjà qu'il était censé la détester et qu'il venait gentillement la secourir ! Mais à peine avait-elle finit de demander à se qu'on la lache qu'elle manqua de se casser la figure et se raccrocha au dernier moment au cou de Jason qui quant à lui la saisit rapidement par la taille. Il la fixa un moment. Aah ce n'était pas du beau quand elle était ivre ! D'une voix sévère et narquoise il dit tout de même, reprennant sa marche vers la sortie de ce maudit bar :

« Tu crois que ça m'encourage à te lâcher ? »

Ouais, il pouvait toujours la lâcher d'un coup, elle s'écroulerait par terre sur ce par terre miteux et tant pis pour elle. Mais Jason ne pouvait vraiment pas. C'était carrément au dessus de ses forces. Jason la tenait donc fermement par la taille, contre lui, de peur qu'elle ne s'effondre. La distance entre eux et la porte lui semblait vraiment trop longue. La musique lui cassait les oreilles, cette odeur d'alcool lui piquait le nez.. Il avait envie de partir, de prendre l'air. Et quand enfin il atteignit la porte, il la poussa de son épaule et lui et Kadence s'engoufrèrent dans le froid. C'est vrai qu'un violent courant d'air les asaillit tout de suite. Encore, Jason avait sa veste de cuir, mais Kadence.. Il la regarda du coin de l'oeil, histoire de voir si elle n'avait pas trop froid. De toute façon la voiture n'était pas loin. Enfin, ils atteignirent la voiture. Jason souffla discrètement, content d'y être enfin. Il n'avait plus qu'à l'installer. Rapidement il ouvrit la portière et fit s'asseoir Kadence, une main au dessus de la tête de cette dernière pour ne pas qu'elle se la tape.

« Attention la tête ! »

Dit-il doucement, s'en voulant presque à lui même de s'inquiéter comme ça. Il s'était déjà forgé un alibi pour s'expliquer avec lui même. Il était là uniquement car il avait une âme de pompier, après tout il était pompier volontaire et qu'il ne voulait pas se reprocher plus tard de n'avoir pas sauver Kadence d'un danger potenciel. Aussi, de toute manière il allait passer la nuit à penser à elle. Même si on déteste une personne, quand le barman prend la peine d'appeler quelqu'un du répertoire de sa cliente pour qu'on vienne la chercher, forcément c'est que ladite personne est vraiment dans un sale état et donc, même si on la déteste, forcément on pense à elle. L'amour et la haine se ressemblait, et Jason essayait de se convaincre que c'était toujours de la haine qu'il éprouvait. En réalité, il évitait de trop y penser.
Il fit le tour de sa belle voiture et s'installa au volant, attacha sa ceinture et mit le contact. Il jeta un coup d'oeil à Kadence. Souffla. Puis, comme un automatisme et lui dit, les yeux rivés sur le pare-brise :

« Ceinture »

Il prit la direction de chez lui, tourna à gauche. Cette fois, il ne roulait pas aussi vite que la dernière fois. Il jetait des coups d'oeil incessants à Kadence. C'était pitoyable. Mais de toute façon tous ses efforts pour l'oublier avaient déjà été gachés par le baiser qu'elle lui avait volé...

- Pourquoi t'as écouter ce .. ce barman à la noix . J'vais très bien et .. j'ai pas besoin de toi .

- Et puis c'est pas grave, si toi tu ne m'aimes pas . Ouais, je trouverai quelqu'un d'autre . N'importe qui .

- Et ça sera facile . Parce que .. Parce que je suis Kadence Penelope Littleton . Et, je suis sûre que tout le monde aurait accepter de passer une nuit si je leur aurait demander de le faire . Tout le monde .

- Y'a juste toi, qui cherche à tout compliquer .

En général, ce n'était pas Jason qui s'occupait des personnes qui avaient trop bu. C'était des personnes qui s'occupaient de Jason qui avait trop bu. Oh il n'était pas vraiment un pauvre ivrogne cherchant désespérément un quelconque réconfort dans le fond de la bouteille mais disons que par expérience il savait que parfois, boire un coup faisait du bien. D'ailleurs, c'était prouvé, pourquoi tout le monde préconiserait ce moyen pour oublier si il n'était pas un minimum efficasse. Le seul soucis avec ce moyen ci c'est qu'il ne marche que pour un soir et le lendemain est plus difficile encore que la veille. C'est ça le plus gros problème quand on veut noyer ses soucis dans l'alcool ! Jason avait commencé à comprendre que ça ne servait donc à rien, et que ça vous faisait juste oublier le temps une soirée, le lendemain était trop dur pour que ça vaille la peine de continuer. Du coup, Jason ralentissait sur l'alcool et le voila qui s'occupait d'autres personnes qui n'avaient pas encore compris que cela était inefficasse. Cependant, cela faisait quelque chose à Jason de la voir dans un tel état. Si mal.. Il fut un temps où tout se qu'il espérait c'était qu'elle souffre. Qu'elle souffre autant qu'il souffrait lui. Mais maintenant, il ne savait plus. Il ne savait plus rien. Depuis son retour tout était brouillé dans sa tête. Tout ce qu'il pensait vrai devenait faux et tout ce qu'il pensait faux était vrai. Pourquoi tout était tellement compliqué. Il aimerait ne rien ressentir. Il aimerait presque l'oublier, faire comme si c'était une parfaite inconnue. Mais elle était trop pour lui. Elle était trop de chose en même temps. Elle faisait partit de ce qu'il était. Il ne pouvait plus la renier, elle et tout ce qui composait son adorable personne. Ce que Jason persistait à renier par contre, c'était ce qu'il pouvait bien ressentir pour elle. De la haine ! Il se borgnait à croire que ce n'était que ça et ne voulait plus penser à ce que ça pouvait être d'autre.
Jason se concentrait sur la route. Bien que la moitié de sa bouteille de scotch était passée et qu'il avait bu quelques cafés il savait qu'il devait rester vigilant pour ne pas se planter en voiture. Il ne manquerait plus que ça ! Surtout que Kadence, en bonne fille qui a trop bu, commençait à trop parler et à dire tout ce qui lui venait en tête. Elle commença à dire qu'elle s'en fichait qu'il ne l'aime plus et qu'elle se trouverait quelqu'un d'autre. Jason avait beau savoir que c'était parce qu'elle avait trop bu qu'elle disait ça il lui jeta tout de même un rapide coup d'oeil. Il essaya de se faire à l'idée qu'elle pouvait parfaitement se trouver quelqu'un d'autre. Jay n'arrivait pas à se faire vraiment à l'idée mais encore une fois il préféra ne pas approfondir là dessus. Il se souvenait avoir tenu le même genre de propos, quelques mois en arrière, levant son verre, accoudé à un comptoire. « Je m'en fiches trop de cette sal**e là ! Je me fais n'importe qui quand je veux ! Hein Just' ? Je me fais qui je veux quand je veux et où je veux ! Genre elle (Jason montrait du doigt une jolie fille qui passait) je la fou dans mon pieux quand je veux. C'est pas vrai Justin ? » Le frère de notre protagoniste se contentait d'acquiescer en silence, attendant le bon moment pour prendre Jason par surprise et l'emener de force dans la voiture.
Jason fit un virage serré sur la gauche et se gara devant sa petite maison. Ooh il l'aimait bien sa petite maison, avec sa cuisine américaine et ses trois chambres, sa petite salle de bain et son vaste salon. On s'y sentait bien. Jason coupa le contact et sortit rapidement, il fit le tour de la voiture et ouvrit la portière du côté de Kadence au moment où elle disait qu'elle pouvait avoir n'importe quel type. Jason haussa les sourcils et se pencha vers elle pour détacher sa ceinture.

« C'est pas faux... » Murmura-t-il tout en l'extirpant du véhicule.

C'est vrai, Kadence était une femme plus qu'attirante. Il était vrai qu'elle aurait pu avoir n'importe lequel des types ivrognes qui côtoyaient ce bar et même tous les hommes de la planète. Elle avait même réussit à faire flancher Jason, bien que celui ci c'était promit de la haïr. Jason mit de nouveau le bras de Kadence autour de son cou et la tenait fermement par la taille. Du pied il referma la portière et se dirigea vers la porte d'entrée de sa demeure.

« Allez Penelope, on y est ! »

Penelope ! Jason adorait appeler Kadence comme ça. Souvent, du temps où il formait un couple Jason l'appelait souvent ainsi. Peut-être parce qu'il n'avait su le deuxieme prénom de sa petite amie que quelques mois après qu'ils sortent ensemble et du coup, après ça, il n'avait pas arrêté de le dire à tout bout de champ. De plus, il trouvait vraiment que ce prénom lui allait bien. Il ne savait pas pourquoi, mais c'était ce qu'il pensait. Mais là n'est pas le sujet.
Jason, Kadence à son bras, pénétra dans sa maison et derechef, il ferma la porte avec son pied. Il conduisit Kadence jusqu'à son canapé et l'installa dessus. Rapidement, Jason jeta un coup d'oeil à la photo qui était toujours près de la cheminée.. Aie ! Il fallait qu'il l'enlève de là avant que Kadence pense qu'il ne s'était toujours pas remit d'elle et qu'il pleurait sur son oreiller tous les soirs ! Ooh et puis zut, de toute façon elle était trop bourrée pour aller regarder la photo ! En la posant, Jason sentit que les vêtements de Kadence étaient trempés ! Sûrement de l'alcool qu'elle avait renversé pendant qu'elle enchaînait les verres ! Jason leva les yeux au ciel et déclara rapidement à Kadence qu'il revenait. Il alla rapidement dans sa chambre et attrapa le premier T-Shirt qu'il trouva. Il s'agissait d'un sweet en coton manche longue et à capuche de couleur sombre. Jason revint par la suite dan sle salon et lança son sweet à Kadence.

« Tu te sens capable de te changer toute seule ? »

En attendant la réponse de la belle brune, Jason se dirigea dans la cuisine et sortit un verre qu'il remplit d'eau fraiche. Avant de le rapporter directement, il s'appuya contre le plan de travail, baissa la tête et expira un grand coup. C'était dur de s'occuper de Kadence, comme si ils étaient.. encore ensemble..

- J'croyais que tu ne voulais plus de moi ici ? Ni même à Wisteria ?

- Huum, j'crois que j'aurai du mal .

Il ne pouvait pas le nier, Jason avait fait une scène à Kadence, il lui avait parlé avec toute la haine du monde et il l'avait virré de chez lui, de sa ville et de sa vie pour ensuite venir la repêcher dans un bar. C'était étrange, c'était même très étrange. Jason savait qu'après ça, il n'aurait plus vraiment la moindre crédibilité. La bon côté des choses, c'était qu'il y avait de fortes chances pour que Kadence oublie tous ce qui c'était passé étant donné qu'elle avait l'air d'avoir bu pas mal de verre. Jason ne pouvait espérer que ça, sinon elle viendrait constament le voir, essayant de retrouver leur amour déchu. Et Jason ne voulait pas ça. Elle devait partir. Elle ne devait plus jamais venir le voir. Parce qu'il se pourait qu'il craque... Et Jason n'avait pas envie de craquer. Il avait simplement envie de retrouver l'équilibre instable qu'il avait réussit à trouver durant ces huit derniers mois. Jason se força à ne pas réagir lorsque Kadence lui fit remarquer qu'elle était censé ne plus remettre les pieds ici. Il était partagé entre la colère contre lui même d'avoir en effet fait entrer Kadence chez lui et l'envie de lui dire "Tu as raison" et de la jeter dehors. Il fallut une grande maitrise de lui même pour arriver à faire en sorte qu'il fasse comme si il n'avait rien entendu. Du moins, il y parvint quelques secondes. Avant de dire d'une voix sérieuse mais lasse :

« Ouais, mais j'avais pas prévu que tu te bourres la gueule et que le barman m'appelle à l'aide. »

C'était une réponse honnête. Même si cela n'expliquait pas tout c'était la seule réponse que Jason était en mesure de donner. Le reste exigeait de grandes réflexions pour lesquelles il n'était pas prêt et pour lesquelles il n'avait pas envie d'être prêt non plus, il fallait l'avouer. Car au bout de chaque grande réflexion, il y a une réponse et notre jeune homme n'était pas sûr d'avoir envie de savoir quelle réponse il y avait au bout de sa grande réflexion.

Jason, était donc dans la cuisine, un verre d'eau posé devant lui. Il entendit du salon, Kadence déclarer qu'elle ne s'en sortira pas pour se changer. Evidement.. Ou était passé l'orgueil de cette jolie brune quand Jason en avait besoin ? Voila qu'il allait se retrouver à la déshabiller lui même. Dans le passé, cette pensée l'enchantait plus qu'autre chose, sauf qu'on était pas dans le passé ! Et Jason avait l'impression que l'univers tout entier essayait de lui faire croire le contraire.

« Pourquoi est-ce que je me doutais que tu répondrais ça ? » Demanda-t-il avec un petit air plaisantin.

Jason prit le verre d'eau d'une main et revint d'un pas prudent (pour ne pas renverser toute l'eau par terre !) dans le salon. Là, il posa le verre sur la table basse en bois qui était devant le canapé et se mit à genou devant Kadence qui était toujours assise sur le canapé. C'est là qu'il entreprit de la déshabiller. Il attrapa le bas du petit top blanc de Kadence et lentement remonta ses mains, les yeux rivés dans ceux de Kadence. Il dit d'une voix à peine audible à Kadence de lever les bras et la débarassa ainsi de son haut. Il se concentrait pour ne pas la regarder, vraiment. Après avoir refait descendre ses mains le long de la taille de Kadence il arriver au bouton de son jean qu'il enleva sans problème. Toujours d'un geste aussi lent, il fit descendre le pantalon le long des longues et fines jambes de Kadence. Et voila, elle était en sous vêtements devant lui. Jason l'observa un instant. Sans la quitter des yeux il prit son sweet qui était toujour posé sur le canapé et le déplia. Puis il demanda à nouveau à Kadence de lever les bras et le plaça au dessus de Kadence pour ensuite le faire glisser sur elle. Le sweet arrivait au milieu des cuisses de la jolie brune. Jason l'avait toujours trouvé adorable lorsqu'elle portait ses sweets ou autres T-shirts. Il l'observa un instant, avala sa salive, incapable de détourner ses yeux de ceux de Kadence Penelope Littleton.

- Et alors ? T'étais pas obligé de venir .

- Huum, peut-être parce que tu me connais par cœur ?

- Tu m'aimes encore ?

Qu'est ce qu'elle voulait ? Elle cherchait à lui faire avouer qu'il s'inquiétait encore pour elle, qu'il avait besoin d'elle et que tout ce qu'il lui avait sortit il y a quelques heures n'étaient que purs mensonges ? Jason essayait de ne pas se faire avoir au jeu, lorsqu'elle lui fit remarquer qu'il n'avait pas été obligé de venir la chercher, Jay chercha une réponse appropriée. Sur le moment il ne trouvait rien à répondre à part acquiescer et dire qu'elle avait raison, sauf qu'il en voulait vraiment pas en venir à ce fait. Il ne lui pardonnait pas. Cela aurait été trop simple sinon. Elle le laissait pendant un an, elle se fichait de la mort de son jumeau et elle refaisait surface comme de rien... Non il ne lui pardonnait pas. Même si ce soir on avait l'impression du contraire, Jason ne lui pardonnait pas, et ne lui pardonnerait sans doute jamais... Mais c'était ce "sans doute" qui perturbait Jason. Lorsqu'il l'avait revu, lorsqu'elle avait sonné à la porte, plus tôt dans la soirée, il n'y avait pas de sans doute qui tenait, il était sûr qu'il ne pourrait pas lui pardonner et maintenant.. c'était le doute.

« Contrairement à certaine je ne suis pas du genre à laisser tomber les gens quand ils ont besoin de moi ! »

Jason était plutôt fiert de sa réponse. Il avait dit cela en fixant bien intensément Kadence. Il fallait qu'il lui rappelle qu'il n'oubliait pas tous ce qu'elle avait fait. Que rien n'était effacé. Et par la même occasion, cela lui permettait de se le rappeler à lui même. C'est vrai que cette soirée commençait à remuer le passé et de faire ressurgir des souvenirs du l'époque où dans la vie de Jason, tout était bien. Où il avait la conviction profonde que sa vie avait prit un tournant heureux et qu'il voguerait sur ce fleuve pour le restant de ses jours. Où il pensait qu'enfin, il avait trouvé un équilibre dans sa vie et que son chemin était tout tracé. Il pensait sincérement qu'il partagerait ce chemin avec Kadence, qu'elle serait toujours là, à ses côtés. Il est vrai que de ce temps là, Kadence et Jason avaient une réelle complicité. De ce temps là, chacun comprenait l'autre. Chacun ressentait ce que l'autre ressentait. C'était étrange, mais à force d'être ensemble ils avaient finit par savoir exactement comment l'autre allait réagir... Souvent cela amusait leurs amis quand Jason finissait les phrases de Kadence ou que Kadence comprenait ce que voulait Jason sans même qu'il n'ai ouvert la bouche. Lorsque la jolie brune rappelait à notre protagoniste cela, ce dernier leva les yeux au ciel, encore une fois il avait deviné qu'elle répondrait quelque chose de ce gerne là. Il préféra ne pas répondre, la distance qu'il s'était imposée avec elle avait déjà été transgressée et il ne voulait pas favoriser ce rapprochement en évocant ensemble leurs bons moments passés ensemble.

Jason était toujours à genou devant Kadence qui portait donc sweet trop grand de son ex petit ami. Il commençait à regretter d'être aller la chercher dans ce bar et de l'avoir ramener ici. C'est vrai quoi, il aurait du lui demander où elle allait dormir cette nuit au lieu de carrément la faire entrer chez lui ! Qu'est ce qui lui était passé par la tête ? D'abord il la virrait et ensuite à la ramenait.. Il fallait qu'il se reprenne et qu'il arrête de faire n'importe quoi. Mais ce n'était pas facile et certainement pas avec Kadence Penelope Littleton qui le regardait tout aussi fixement, dans ce sweet shirt et qui lui demandait...

- Tu m'aimes encore ?

Jason ne cilla pas. Elle en avait de ces questions ! La réponse était évidente. Elle devait déjà la connaitre d'ailleurs. Le visage de Lewis s'était adoucit. Il ne paraissait plus en colère, de toute manière ce n'était plus la peine de l'être désormais. Maintenant qu'il lui avait ouvert sa porte, qu'il l'avait déshabillé... Maintenant il avait perdu toute crédibilité. Alors pourquoi la fusiller du regard ? De toute façon elle n'aurait que de flous souvenirs de sa nuit ici. Jason la regardait, et un petit sourire se dessina, très discrètement, au coin de ses lèvres. Là, il répondit :

« Non. Non Kadence je ne t'aime plus. »

Il la fixait toujours, et avait cet air détendu et emprunt à une certaine tristesse. Que se soit vrai ou non, ça n'avait aucune importance. Il ne devait plus l'aimer, c'était ainsi. Doucement et toujours en regardant Kadence il déplaça sa main vers le verre d'eau qu'il avait posé sur la table basse. Il le prit et le tendit à Kadence.

- Noon non, mais ça compte pas ça . Parce que .. Je n'en savais rien .

- & J'ai jamais voulu partir d'ici . Et d'abord, si je t'avais laissé tomber, je ne serais pas revenue .

- Tu mens ?

- Tu mens . Je le sais . Moi je t'aime .

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