Décidement, elle n'y arrivera jamais [ Sean ]

Le pinceau effleura délicatement la toile, les rayons éclairant d'une lumière pure de fin d'après-midi la trace de peinture toute fraîche qui s'étalait sur le papier. La jeune femme, concentrée, ne fixait que sa toile, avec pour seul conseiller le léger vent qui soulevait ses cheveux par instants. Elle souleva le pinceau, recula légèrement le buste, et sourit un peu satisfaite.
Soudain, une sonnerie perturba le silence parfait de ce moment. Elle sursauta, lâcha le pinceau qui tournoya dans l'air en envoyant sur la toile une traînée de petite taches oranges. Emily marqua une pause, et la sonnette retentit de nouveau. Agacée, elle posa ses peintures sur la table centrale et déclara à la salle vide :

- Bon, eh bien, ce sera de l'art abstrait !
Pour seule réponse, elle eut la sonnette de nouveau. Son agacement grandissant, elle se dirigea vers la porte, qu'elle ouvrit après avoir inspiré un grand coup.
Une homme d'âge mûr lui apparut, habillé tout de noir, avec une casquette à la manière des chauffeurs. Elle retint son souffle, sentit son coeur s'accélérer, et retint un mouvement de recul. Il la salua poliment et l'informa qu'il était chauffeur. Elle avait reçu comme cadeau cette voiture qu'il venait lui apporter. c'était de la part de... il ouvrit un papier et récita un nom, puis lui donna une lettre. Elle le remercia et le congédia avec un pourboire, puis referma la porte, la lettre en main. Elle resta un instant appuyée à la porte, éberluée, puis entrouvrit la porte. l'homme était parti. elle s'approcha de la voiture de sa démarche légèrement féline, et effleura la capot, avant d'en faire le tour. Elle ouvrit la grosse enveloppe de papier craft qui contenait des clé et une lettre de sa mère :

Ma Chérie,

Quelle voiture magnifique, n'est-ce pas ? J'en ai les larmes aux yeux ! C'est une jaguar XKR décapotable ! Et d'une couleur unique ! Avec intérieurs en cuir beiges, suréquipée, presque toutes les options, elle a certainement coûté une fortune ! Je dis certainement, car je n'ai aucune idée du prix. C'est la soeur de... je ne vais pas écrire le nom, il te ferait trop mal. La soeur de ton ex, dirons-nous. Son père a payé. Ils savent que ce n'est rien en comparaison e ce qu'il t'a enlevé, mais il veulent que tu comprennes qu'ils sont entièrement avec toi. Envoie-leur au moins un mail, ma chérie, je sais que tu téléphones encore à la soeur.

Je t'aime, ta maman.

Emily tourna la tête, la bouche sèche et le visage pâle. Oui, elle téléphonerait à Susan. Parce qu'elle aimait Susan. Elle était peut-être la soeur de... mais elle était adorable. C'était la seule qui la comprenait. C'était sa meilleure amie. Elle rentra dans la maison et se dirigea vers sa chambre, où elle posa la lettre sur son bureau, devant l'ordinateur portable. Elle ouvrit sa garde robe, et après un moment de réflexion, opta pour une robe courte vert émeraude griffée Yves-St-Laurent avec des talons-hauts modèle cage du même créateur. Elle s'observa un instant dans le miroir, relevant ses cheveux, puis soupira et rangea robe et hauts-talons pour préféer un jean clair trois-quart moulant, un tee-shirt jaune soleil sans manches et son chapeau de cow-boy ( voir avatar ). Elle laissa ses cheveux aux reflets bruns pendre dans son cou, puis empoigna son sac multicolore informe et descendit. Elle chargea la matériel nécessaire dans son coffre et après réflexion, décida qu'elle irait faire un crochet par le magasin d'art. Elle ferma finalement sa maison, entra dans sa voiture qu'elle décapota, puis prit la route de la ville.

Baltimore était une belle ville, et les gens paraissaient agréables. Mais Emily sentait la menace. Elle était déjà venue ici, et il paraissait qu'un meurtre s'y était déroulé. Mais elle considérait cela comme des rumeurs et se laissa aller au vent qui soulevait ses cheveux. Après un tour au magasin d'art comme prévu, elle s'arrêta à un de ses endroits favoris, le parc. Après avoir choisi un endroit qui lui plaisait, elle installa son matériel et observa le alentours. Ce parc si parfait, aux pelouses d'un vert soutenu, baigné de soleil... Cela lui rappelait un peu un jardin dans Paris où elle aimait se rendre. Là-bas vivaient des gens d'origine modeste... Alors elle mettait ses plus vieux vêtements, prenait le métro, et se fondait dans le paysage. Alors qu'elle avait l'habitude d'être admirée et choyée, les gens la considéraient comme une jeune femme normale... Elle se rappelera toujours ce jeune homme qui lui avait sourit, son téléphone portable sur les genoux. Il l'avait regardé une seconde et puis avait dit : " moi aussi j'aime ce lieu."
Elle sortit de rêverie brutalement et remarqua alors seulement qu'une larme avait coulé le long de sa joue, témoin embarrassant de sa douleur. D'un geste de la main, elle balaya la traitresse qui avait attiré l'attention d'un jeune homme, se laissant une trace de peinture verte sur la joue, qu'elle ne remarqua évidement pas.

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